Les dimanches
Félix leclerc
Ceux qui disent que les dimanchesSont jours d'ennui, d'espoir qui flancheN'ont donc jamais mal dans le dosPour n'avoir pas besoin d'repos.C'est jours de s'maine qu'on paie les comptesQu'on se lèv'tôt et qu'on a honteDe n'avancer qu'à pas de chatDans un métier qu'on n'aime pas.Mais c'est un dimanche que s'arrêtentCeux qui ont pain et amitié,Ceux qui n'ont rien regardent coulerLe son des cloches sur les toits.C'est jours de s'maine que les enfantsDans des cahiers apprennent, apprennentCombien vieillir c'est dégoûtantMais c'est dimanche que Ti-JeanVa voir Marie, sa souveraine,En complet bleu, c'est le seul tempsQu'il tourne dos à la semaine.C'est jours de s'maine que l'on enterreSes morts, ses rêves et ses folies.C'est jours de s'maine que les banditsPillent les banques et tuent leurs frères.C'est jours de s'maine qu'on pousse portesQu'on offre bras, talentQu'on s'fait bafouer et qu'on rapportePlaies aux épaules, plaies en dedans.Mais c'est dimanche qu'on s'arrêteComme dans le creux vert d'une baieEt qu'on enlève son collierPour oublier qu'on est des bêtes.
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