Maxime le forestier

Le mauvais sujet repenti

Maxime le forestier
Elle avait la taille faite au tour,
Les hanches pleines, Et chassait le mâle aux alentours
De la Madeleine...
A sa façon de me dire: "Mon rat,
Est-ce que je te tente?"
Je vis que j'avais affaire à
Une débutante...

L'avait le don, c'est vrai, j'en conviens,
L'avait le génie,
Mais sans technique, un don n'est rien
Qu'une sale manie...
Certes, on ne se fait pas putain
Comme on se fait nonne.
C'est du moins ce qu'on prêche, en latin,
A la Sorbonne...

Me sentant rempli de pitié
Pour la donzelle,
Je lui enseignai, de son métier,
Les petites ficelles...
Je lui enseignai le moyen de bientôt
Faire fortune,
En bougeant l'endroit où le dos
Ressemble à la lune...

Car, dans l'art de faire le trottoir,
Je le confesse,
Le difficile est de bien savoir
Jouer des fesses...
On ne tortille pas son popotin
De la même manière,
Pour un droguiste, un sacristain,
Un fonctionnaire...

Rapidement instruite par
Mes bons offices,
Elle m'investit d'une part
De ses bénéfices...
On s'aida mutuellement,
Comme dit le poète.
Elle était le corps, naturellement,
Puis moi la tête...

Un soir, à la suite de
Manoeuvres douteuses,
Elle tomba victime d'une
Maladie honteuses...
Lors, en tout bien, toute amitié,
En fille probe,
Elle me passa la moitié
De ses microbes...

Après des injections aiguës
D'antiseptique,
J'abandonnai le métier de cocu
Systématique...
Elle eut beau pousser des sanglots,
Braire à tue-tête,
Comme je n'étais qu'un salaud,
Je me fis honnête...

Sitôt privée de ma tutelle,
Ma pauvre amie
Courut essuyer du bordel
Les infamies...
Paraît qu'elle se vend même à des flics,
Quelle décadence!
Y'a plus de moralité publique
Dans notre France...

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