Ma grand-mère
Neuville marie-joséeA son vieux toit tout démoli
Sa façade est patibulaire
Minée par les intempéries
Cheminée portes et fenêtres
Laissent entrer le vent et la pluie
Sur les meubles les oiseaux en fête
Viennent y déposer leurs espiègleries
Et pourtant ma grand-mère
N'a jamais voulu la faire réparer
Et pourtant ma grand-mère
N'a jamais voulu la faire réparer
La basse-cour de ma grand-mère
Est renommée dans le pays
Et je ne sais par quel mystère
Toute cette volaille loge dans ce gourbi
Coqs lapins canards et poulettes
Trop gavés, ne peuvent plus se passionner
Les arceaux de leurs côtelettes
Baignent dans une grasse infécondité
Et pourtant ma grand-mère
N'a jamais eu le coeur de les tuer
Et pourtant ma grand-mère
N'a jamais eu le coeur de les tuer
Ma grand-mère a pour âme soeur
Un homme dont le défaut est de fumer
Une pipe dégageant l'odeur
D'un mauvais tabac dont elle est bourrée
Mais comme Cyrano le cher homme
A l'appendice nasal démesuré
A chaque bouffée il faut voir comme
Son grand nez est complètement enfumé
Et pourtant ma grand-mère
N'a jamais songé à le ramoner
Et pourtant ma grand-mère
N'a jamais songé à le ramoner
Dans la maison de ma grand-mère
La nature entière vit en liberté
Au jardin les ombellifères
Et les coccinelles ont fraternisé
Et si dans ce joli domaine
La bête à bon Dieu est si bien cotée
C'est que ce jardin quelle aubaine
Est l'image du paradis retrouvé
C'est pourquoi ma grand-mère
Passe au village pour être la plus toquée
C'est pourquoi ma grand-mère
Passe au village pour être la plus toquée