L'inexpressible
Nino ferrerPour t'attifer de cette manière ?
Tes lunettes et ta mélancolie
Laisse-les donc pour quand tu seras grand-mère.
Dans ta chambre si bien rangée
Il fait froid, il fait soif, il fait faim
Y te faudrait pour te réconforter
Un petit peu de l'éternel masculin.
Je pense que tu te lèves trop tôt
Surtout si c'est pour étudier
A quoi ça sert la bachot
Si t'as pas le temps de batifoler ?
C'est pas l'envie qui t'en manque
Seulement t'aimes les grands sentiments
Oui mais, si t'as pas de compte en banque
La vertu, c'est décourageant.
Tu me dis que t'es trop timide
Moi, je te jure que ça ne m'étonne pas
Comment veux-tu être intrépide
Si t'es mise comme un pot à tabac ?
Enlève cette inexpressible
En coton, qui te vient de ta mère
Ces lunettes et cette jupe nuisible
Ces chaussures de nonagénaire.
Cet homme qui te voulait des choses
En te suivant dans la rue
T'en es devenue toute rose
Pourquoi qu't'as pas voulu
Le suivre dans ce café
Où qu'il y avait du néon
Des frites et de la fumée
Des liqueurs et de l'accordéon ?
C'était peut-être bien l'occasion
De perdre ta mélancolie
Tes complexes, tes illusions
De sortir de ta léthargie.
T'as plus qu'à rentrer chez toi
Dans ta chambre inconcupiscible
Avec ta faim, ta soif, ton lit froid
Tes lunettes et ton inexpressible.