La chanson du vaurien
Polémil bazarUn monsieur démesure, une enflure de cinquante-trois kilos -de trop!
Un illicomane, monté sur ses grands ch'vaux
A quitté le plancher des vaches et s'est hissé très, très haut
Dernier de la lignée, l'accident, le raté
Le bâclé, méprisé, mal aimé l'émir de la médiocrité
Contre toute attente a vaincu
Contre toute attente est parvenu
Entre autres, à s'enrichir à notre insu
La chanson du vaurien qui nous passe un sapin
Avec son p'tit air candide, son phrasé fluide et ses gants de satin
La chanson du vaurien qui s'en lave les mains
Et dort la conscience tranquille, sans remords inutiles
Et sans scrupules, aucun
C'est un automate réglé pour faire banco
Roi d'l'avoir à l'usure qui ne jure que par ses capitaux
Un cogitocrate, dresseur d'abris fiscaux
Maraudeur aguerri débusquant les profits, les magots
Rachitique et petit, négligé par la vie
Démuni des outils ravissant les jolies, mais toujours jalousé, courtisé
Contre toute attente a vaincu
Contre toute attente est parvenu
Entre autres, à s'payer l'honneur d'être élu
C'te vieux phallocrate, richissimafioso
Échappa à trois A.C.V., au cancer et aux impôts
C'te chorizo schlass, mourut comme un héros
En laissant derrière lui un fils aussi pourri mais plus beau
Honoré, couronné, décoré, encensé
Acclamé, respecté, révéré le pire des meilleurs exemples à donner
« Un homme de vertu, Dieu ait son âme…»
Contre toute attente a vaincu
Contre toute attente est parvenu
Entre autres, à s'offrir son boulevard et sa statue
La chanson du vaurien qui nous passe un sapin
Avec son p'tit air candide, son phrasé fluide et ses gants de satin
La chanson du vaurien qui s'en lave les mains
Et dort la conscience tranquille, sans remords inutiles
Sur ses deux oreilles, du sommeil éternel
La chanson du vaurien dans son manteau d'sapin
Avec son p'tit air livide, son parfum d'orchidée, son drapeau canadien
La chanson du vaurien qui s'en lave les mains
Prêt à conquérir le ciel et se faire immortel
Sans scrupules, aucun